dimanche 31 août 2014

31 août - Sur la route des volcans

Réveil dans un flot de condensation. Il a fait bien froid cette nuit. A 8h30 il ne fait encore que 42°F, soit pas grand chose en Celsius (promis, je vous posterai une table de conversion un de ces jours...). Le bord du lac est somptueux. Vue imprenable sur le Mont Bailey qui se reflète au-dessus de la rive d'en face. Normalement, j'ai le Mont Thielsen dans le dos... j'irai vérifier de visu avant de prendre la route pour de vrai.


J'ai ouvert grand la tente pour l'aérer avant de partir pour une petite promenade matinale... en attendant aussi que le fond de l'air se réchauffe. Je prendrai mon petit déjeuner quand il fera un poil moins froid !


Donc jeux de reflets, course entre les canards qui barbotent. Une petite nappe de vapeur qui s'effiloche en volutes à la surface confère au lac une atmosphère éthérée. 


J'entends certains campeurs dire qu'ils envisagent de replier bagage précocement car ils ont eu trop froid cette nuit, surtout les enfants. Pour ma part, j'ai encore dormi comme un loir. J'ai rajouté une couche sous mon pyjama, question de ne pas chopper la crève... et j'ai fait grasse matinée jusqu'à 7h30. La fête !!! 



Mise en route sous un soleil radieux. Première halte au Diamond Lake Resort, le coin "huppé" du bord du lac, qui propose diverses activités, un magasin / épicerie / articles de camping et de pêche, bref, le General Store qui se respecte, et accessoirement une pompe à essence où je mets 4 gallons qui m'assurent d'arriver jusqu'à Bend sans encombre. Je pense que c'est l'essence la plus chère rencontrée sur le parcours : 5 dollars le gallon (4 litres)... je n'avais pas vérifié le prix au camping Mazama à Crater Lake, ce devait être du même ordre. Partout ailleurs, le gallon est aux alentours de 4 dollars ! 

Je fais ensuite le tour du lac, question de voir le Mont Thielsen se refléter lui aussi dans les eaux bleues du matin, puis je reprends la direction de Bend, à 90 miles au nord. 


La route est bordée de volcans. C'est impressionnant. Cela ne m'avait jamais effleuré l'esprit que le centre de l'Oregon était une succession de cônes plus ou moins hauts et caractéristiques : c'est la chaîne des Cascades, et le terrain est d'origine volcanique tout au long de mon trajet.


Je passe le Newberry National Volcanic Monument qui présente la caldéra la plus étendue d'Oregon. D'autres curiosités faisant partie du même parc sont à proximité immédiate de la route... et je me laisserai sans doute tenter sur le chemin du retour. 

Arrivée sur Bend : grande ville de 80000 habitants où il semble faire bon vivre. Des cimes encore enneigées se dressent à l'horizon sur le flanc est de la cité. En tout cas, je m'y perds, atterris dans le Old Mill District (probablement le secteur des anciennes scieries, je dois vérifier) réhabilité en magasins d'usine de plusieurs grandes marques. La foule est dense. J'essaie de m'évader pour trouver le centre ville et l'office du tourisme et me retrouve à longer les berges de la rivière qui forment un grand parc urbain très fréquenté en cette journée bien ensoleillée. Le centre ville est un peu en vrac. On est dimanche et c'est jour de marché. J'arrive néanmoins à trouver l'office de tourisme après m'être arrêtée à la bibliothèque municipale où la dame à l'accueil m'a expliqué, cartes à l'appui, où je me trouvais et où je voulais aller ! Super sympa... et je repars avec mes cartes et mes plans. 

Je récupère aussi les plans des différents sites du John Day Fossil Beds National Monument et des autres State Parks où je vais passer. Je suis parée pour mon exploration du coin, pour cette fois-ci et les fois suivantes : il y a vraiment de quoi faire dans la région, dans tous les domaines et en toutes saisons - l"hiver, la neige transforme les volcans et sommets environnants en stations de ski, et la route est jalonnée de "sno-parks". 

J'ai passé un peu plus de temps que prévu sur Bend, mais c'était pour la bonne cause. Dernière pause pour faire le plein d'essence et reconstituer ma provision de légumes, fruits et laitages. Je peux partir vers l'inconnu. 
Tout d'abord, direction Redmont, puis Prineville, puis Mitchell. Environ 80 miles. Dernier patelin civilisé traversé : Prineville, 8000 habitants. Ensuite, à 50 miles (80 km) se trouve Mitchell. Entre les deux, rien, pas un village, c'est le High Desert. Magnifique. 


La forêt a brûlé sur des kilomètres, c'est lugubre et pathétique. Le prochain village ou peut-être est-ce une petite ville, sera John Day, à 70 miles d'ici... même pas sûre qu'il y ait autre chose que le Visitor Center du parc entre les deux.


Mitchell. J'y arrive vers 17 heures après un bout de route bordée de collines dorées. 


On m'avait prévenu, c'est une ville fantôme en devenir. Demain j'essaierai de prendre quelques photos de jour. Une maison sur deux, voire plus, est en ruine. Il reste bien une station d'essence, mais elle est réservée aux véhicules commerciaux qui paient avec une carte de crédit spéciale. Donc demain, faudra que j'anticipe et que je refasse le plein à John Day. C'est un truc qu'on ne peut pas trop s'imaginer chez nous, le fait qu'il n'y ait pas de station sur plus de 160 km (100 miles) dans des zones qui ne sont pas complètement le désert non plus. Je me pose à l'unique hôtel à 50 km à la ronde - The Oregon Hotel, qui propose un petit dortoir en mode auberge de jeunesse. C'est là que je me pose. J'y suis toute seule, comme prévu aussi. C'est rustique, vieillot, j'adore. Comme les autres maisons environnantes, mais pas en ruine ! Juste à côté se trouve un café, un peu plus bas un autre café-restaurant-lieu de vie, et il y a une épicerie et un ou deux autres commerces. Les magasins de souvenir et autres boutiques plus touristiques ont mis la clé sous la porte. Est-ce un effet secondaire de la déviation qui évite maintenant le centre du village ? 
J'avoue que c'est un peu ce qui pend au nez de petites villes comme Willits, pas très loin de Laytonville, qui se proclame "Gateway to the Redwoods", avec une déviation en cours de construction... Ici, Mitchell se proclame "Gateway to the Painted Hills"... mais ne sera bientôt plus qu'un souvenir. Je ne suis même pas sûre qu'on y trouve une carte postale des Painted Hills. Dommage ! 

Je fais donc mon check-in rapidement, question de savoir quelle autonomie j'ai dans les lieux : on dispose d'un micro-onde et la cafetière dispense son café toute la journée, et on peut squatter le barbecue dehors ainsi que le salon de jardin pour pique-niquer si le coeur nous en dit ! Et je dois penser à monter mon sac à viande. 


17h30, c'est l'heure d'y aller si je veux encore avoir un peu de la lumière de fin d'après-midi. Les Painted Hills sont à 9 miles de l'hôtel. Et comme je m'arrête tous les 200 mètres, je n'avance pas vite !!! J'arrive quand même sur les lieux à l'heure où beaucoup de monde en profite aussi. 



Progressivement, ça se vide. J'ai la chance de ne pas devoir faire encore 150 km avant d'arriver à ma crèche ! Certains coins sont néanmoins déjà dans l'ombre et seront sans doute plus à leur avantage en début de matinée : faudra donc que je revienne mardi matin en prenant la route du retour. En attendant, on en prend quand même plein les yeux : strates horizontales ou verticales, jaunes, vertes, orange, rouge, mauve, café ou chocolat, ou même blanc intense. L'impression de se promener dans les bacs d'un glacier qui proposerait mille parfums et autant de couleurs ! 
Je vous fais un assortiment ici... le spectacle commence même avant d'arriver au parc !  












Je me remets en route à l'heure où on commence à faire des rencontres "sauvages". En l'occurrence, aujourd'hui ce sont deux chevaux sans doute évadés du corral voisin...  le pie vient me léchouiller la vitre, curieux de savoir qui se cache dans cette boîte à roulettes. J'avoue que je n'aime pas les léchouilles animales, donc je reste dans ma boîte ! J'ai essayé de lui tirer le portrait, mais ses naseaux n'étaient finalement pas super photogéniques... je me contente donc de la photo de famille !!


Je reviens à Mitchell vers 19h30, il fait nuit, et j'opte pour le café qui est encore ouvert pour me mettre quelque chose de chaud dans le ventre : clam chowder (ma soupe préférée) et une "stuffed potato" énormissime, avec tout ce qu'on peut imaginer dedans et dessus : crème fraîche, oignons frits, morceaux de poulet, champignons et fromage fondu. La totale. Et je n'en laisse pas une miette tant je suis affamée... à midi, c'était sur le pouce et pas vraiment ça. Je me suis rattrapée !

Donc là, je suis tranquillement dans mon petit dortoir avec un wifi de compétition : pas de tente à monter, sanitaires nickels... presque le paradis ! 
Je vais maintenant en profiter pour transférer les photos des cartes mémoire... et j'essaierai de faire un tri sommaire pour en poster quelques unes demain !  

Au programme demain : aller jusqu'à John Day où se trouve un petit musée à la mémoire des chinois qui ont servi de main d'oeuvre lors de la construction du chemin de fer et d'autres infrastructures à la fin du 19° siècle, puis visite de la Sheep Rock Unit et du musée du parc (on y voit des dinosaures, si je me souviens de ce que j'ai lu), et je vais essayer de pousser jusqu'à la Clarno Unit... beaucoup de route en perspective, c'est ce qu'ils appellent ici la "Journey Through Time Scenic Byway", mais je n'en ferai qu'un tout petit bout. Un des villages de la boucle se nomme "Fossil" : ça veut tout dire !
J'espère que les quelques pompes à essence qui jalonnent le parcours seront ouvertes, vu que c'est Labor Day demain.

Et le selfie du jour !

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